Vox Luminis - Hammerschmidt: Ach Jesus stirbt - Le Figaro

Sublime redécouverte que celle de la musique d'Andreas Hammerschmidt. Compositeur prolifique de l'Allemagne luthérienne (on lui doit une quinzaine de recueils de musique sacrée édités entre 1639 et 1671, dont pas moins de dix-sept messes brèves), il reste jusqu'à ce jour dans l'ombre écrasante d'un Heinrich Schütz comme l'un des grands oubliés du XVIIe siècle allemand... Au côté peut-être d'un Michael Praetorius, à qui l'on commence tout juste à se ré-intéresser.

Dans le sillage de son anthologie des musiques luthériennes parue en 2017 chez Ricercar pour le 500e anniversaire de la Réforme, l'ensemble Vox Luminis du charismatique Lionel Meunier s'attache donc ici à réparer cette injustice. Puisant dans plusieurs recueils, cette monographie pleine de ferveur souligne la grande diversité d'écriture du compositeur. Si certaines œuvres pour grands effectifs, comme le motet Bis hin an des Kreutzes Stamm, rappellent par leur grande maîtrise de la polyphonie allemande le style de Schütz, annonçant même celui de Jean-Sébastien Bach, d'autres témoignent d'une étonnante inspiration madrigalesque, aux accents fortement italiens évoquant Monteverdi. Ce sont ces pièces, à l'expressivité détonante et parfois déchirante, comme celle qui est à l'œuvre dans Ach Gott, warum hast du mein vergessen (paroles du Christ en croix) qui émeuvent le plus... Et traduisent le caractère urgent de cette redécouverte.

Comme à son habitude, l'ensemble Vox Luminis, parfait de transparence, prouve à quel point il porte bien son nom, conférant à ces prières de l'âme une luminosité douce et réconfortante.