Stéphane Kerecki - Nouvelle vague - Télérama
Il existe des BO de films où le jazz joue un rôle aussi décisif que l'image et les acteurs, comme la partition orchestrale de Martial Solal pour A bout de souffle (Godard, 1960). Le pianiste cinéphile Stéphan Oliva a publié en 2011 un album, Film noir, où il interprète librement les leitmotivs de polars classiques. A présent, le contrebassiste Stéphane Kerecki vient amoureusement célébrer en quartet les musiques de la Nouvelle Vague. Emile Parisien, au saxophone soprano, se fait toute tendresse et tout éclat. Au piano, le pianiste britannique John Taylor brasse la poésie. A la batterie, Fabrice Moreau, préposé aux couleurs, est admirable. Jeanne Added apporte sa voix et sa diction étrangement prenantes à La Chanson de Maxence (Les Demoiselles de Rochefort) et à Jamais je ne t'ai dit que je t'aimerais toujours (Pierrot le fou). Onze films, d'A bout de souffle à Tirez sur le pianiste (Truffaut, BO de Georges Delerue, 1960), en passant par Le Mépris (Godard, 1963, BO de Georges Delerue), Ascenseur pour l'échafaud (Malle, 1958, où Miles Davis improvisait à l'image), La mariée était en noir (Truffaut, 1967, BO de Bernard Hermann), Lola (Demy, 1961, BO de Michel Legrand et musique de Beethoven), se voient merveilleusement évoqués autant par les arrangements subtils de Kerecki qu'en improvisations. Indispensable à tout cinéphile jazzophile convaincu, comme Jean-Luc Godard, que « l'on peut entendre les images et voir la musique ».