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Scottish Ensemble - Britten - Classique

«J'ai seui la clé de cette parade sauvage» : la dernière phrase de Parade, quatrième pièce des Illuminations, d'Arthur Rimbaud, agit sur l'inspiration de Benjamin Britten comme un séame. Dès le début de sa carrier, alle lui ouvre ce qul sera l'un de ses royaumes de predilection: le cycle de melodies pour tenor et orchestra à cordes. Des neuf Ilumminations, achevées aux Etats-Unis en 1939, au Nocturne, compose vingt ans plus tards sur des vers de Shakespeare ou de Shelley, en passant par la Sérénade crée en 1943 sur des poems des Keats ou de William Blake, ce genre raffiné et puissamment evocateur deviant l'emblème personnel de musicien britannique. Les obsession qui hantent ses operas ou son War Requiem - la fascination trouble du desir, l'aspiration à la nuit et au mystère, le refus de tout embrigadement - s'y deploient dans le meme climat lunaire. L'enregistrement que publie aujourd'hui le label anglais Linn Records exalte ce lyrism saturnine. Le mérite en revient d'abord au jaune tenor Toby Spence, digne successeur de Peter Pears, compagnon de Britten et createur des ces cycles. Dellee et fantasque, mordant or rêveuse, l'interpretation elegiaque de Toby Spence ne s'affranchit pas moins de tout modèle comme de tout heritage. La même liberté de ton, la même prodigalité de couleurs signent le jeu du comiste Martin Owen et du Scottish Ensemble de la violinist Clio Gould. Par un mimetisme crepuscolaire entre voix et instruments, leur interpretation installe Les Illuminations et la Serenade dans une filiation prestigieuse, entre les Chants d'un compagnon errant, de Gustav Mahler, et le Dialogue de l'ombre double, de Pierre Boulez. Et justifie l'application a Benjamin Britten de cette fiere proclamation rimbaldienne des Illuminations: «Je suis un inventeur...un musicien même, qui ai trouvé quelque chose comme la clé de l'amour».

Classique
12 May 2005