Robin Ticciati & SRSO - Berlioz: Romeo et Juliette - Classica
Apres une Symphonie fantastique plutôt convaincante enregistrée pour Harmonia Mundi avec Daniel Harding a la baguette (lire Classica No 186, page 92), l'Orchestre de la Radio Suédoise poursuit son périple berliozien cette fois-ci en public avec la « Symphonie dramatique » Roméo et Juliette dont le genre hybride recèle bien des périls: au chef d'articuler les mouvements extrêmes, semi-opératiques, aux mouvements médiantes, instrumentaux, ou le compositeur plaça le cœur de la tragédie shakespearienne. Robin Ticciati a fait ses premières armes en fosse et cela s'entend: fougueuse, l'introduction nous plonge au cœur du drame, tandis que la Scène d'amour, d'une grande tenue - le cantabile prime sur la passion - revêt les atours d'un duo d'opéra (classique).
Remarquable aussi sa gestion des équilibres entre les différents pupitres, même s'il doit composer avec des vents aux couleurs criardes. On entend rarement la Grande fête chez Capulet jouée de manière aussi chorégraphique, avec la légèreté et le sens du mouvement propres au ballet. On trouvera en contrepartie sa main un peu lourde pour l'arachnéen Scherzo de la Reine Mab, si délicat à réaliser.
Mis a part le toujours impérial Alastair Miles, les solistes suscitent des réserves: les Strophes selon Katija Dragojevic confondent compassion et compassé la diction d'Andrew Staples achoppe sur le français. Le chœur de la Radio suédoise s'acquitte en revanche avec honneur de son exigeante partie. Pas de quoi bousculer les références signées, pour les intégrales, Munch (1953 et 1961, RCA), Davis (1968, Philips), Mutin (1986, EMI), Gardiner (Philips, 1995) et les extraits orchestraux incandescents de Mitropoulos (Sony).