Robin Ticciati, DSO Berlin & Louise Alder - Strauss - Classique c’est Cool
Robin Ticciati est un brillant jeune chef d’orchestre encore trop discret en France. Alors qu’il a reçu les conseils de Colin Davis ou de Simon Rattle, les mélomanes le connaissent surtout comme directeur musical du célèbre Festival de Glyndebourne. Depuis 2017 pourtant, il est à la tête d’une importante phalange allemande, le réputé Deutsches Symphonie-Orchester de Berlin. Ensemble, ils comptent déjà plusieurs enregistrements. Cette nouvelle parution dédiée à des œuvres de Richard Strauss est leur cinquième collaboration avec le label écossais Linn. Familier de l’univers straussien, Ticciati a fait sensation à Glyndebourne en dirigeant un Rosenkavalier très commenté.
Ici, Don Juan et Tod und Verklärung, les deux poèmes symphoniques bien connus, enchâssent les Brentano Lieder interprétés par Louise Alder. Composés pour la voix d’Elisabeth Schumann (inoubliable interprète du rôle de Sophie), ces sechs Lieder Op. 68 sont souvent confiés à des sopranos légers alors qu’ils demandent également un talent d’expressivité et quelques graves notamment dans An die Nacht qui ouvre le cycle. Le timbre acidulé de Louise Adler est immédiatement séduisant avec une attention au texte et une diction remarquable. Elle embrasse toutes les mélodies avec une même facilité vocale qui n’appelle que les compliments. Lauréate du prix jeune chanteur aux International Opera Awards 2017, la carrière déjà bien lancée de la soprano est à suivre de près. Alors que les Brentano sont moins souvent enregistrés que les Vier Letzte Lieder par exemple, ce n’est pas le cas pour les poèmes symphoniques de Richard Strauss. Les références pour Don Juan et Tod und Verklärung ne manquent pas et pourtant, le travail de Ticciati se laisse découvrir avec plaisir. La battue sans précipitation de Don Juan permet d’apprécier les belles sonorités de l’orchestre qui développe les images sans excès expressif. Tod und Verklärung qui sollicite plus les parties solistes offre de beaux moments, notamment les vents. Même si l’évocation des mystères de la mort est bien sentie, le chef semble plus inspiré par la résurrection où il laisse s’épanouir les forces du DSO. Cette nouvelle parution est comme une carte de visite qui invite à faire plus ample connaissance avec le chef, son orchestre et la soliste, tous au diapason.