Kerson Leong - Ysaÿe: Six Sonatas for Solo Violin - Diapason
Kerson Leong et Eugène Ysaÿe n'en sont déjà plus à leur première rencontre. Pour édifier son « Hommage » au deuxième, Fuga Libera avait confié au jeune violoniste canadien un page du maître, en plus de la sonate de Lekeu. Il se mesure cette fois aux Six sonates op. 27. Ayant eu pour mentor Augustin Dumay, il y confirme une impressionnante maestria, combinant, dans une esthétique romantique, un spectaculaire aplomb à une sonorité chaleureuse. Et exploite toute la richesse de timbres d'un splendide Guarneri del Gesù mis à sa disposition - rappelons qu'Ysaÿe joua lui aussi un instrument de ce luthier. Il offre de cet opus une vision non seulement dominée (intonation irréprochable, technique d'archet de premier ordre) mais également très inspirée. Comment ne pas admirer la qualité de réalisation, l'homogénéité du style, la prise de risque ? En témoignent Les Furies (finale de la Sonate no 2) où il pousse même un peu trop loin dans le passage central la recherche des contrastes de timbres... Passons d'ailleurs sur la légère emphase de la prise de son : elle finit par s'oublier. Surmontant l'exploit physique que leur interprétation représente, Kerson Long atteste une véritable réflexion sur le langage si personnel de ces sonates, qui doivent à Bach comme à Paganini. For d'une virtuosité éblouissante (Sonate no 3, finale de la no 4), il a cherché dans chacune à traduire le portrait intime de leur dédicatoire. L'élan sans agressivité, la généroisté, la fluidité (Danse rustique de la no 5), l'esprit comme la fantaisie (no 6) sont ici le reflet d'un vrai talent. vous rangerons cet Opus 27 avec les gravures à peine plus accomplies de Gidon Kremer, Laurent Korea, Frank Peter Zimmeraman ou Tedi Papavrami.