Giovanni Antonini & Il Giardino Armonico - Vivaldi: Concerti per Flauto - Res Musica
Les concerti pour flûte de Vivaldi sont généralement l’occasion d’un joyeux feu d’artifice de notes. Il Giardino Armonico joue ici avec les quadrilles et les fusées dans une séduction retenue mais pétillante.
Vivaldi a bien compris toutes les possibilités d’expression qu’il pouvait tirer des instruments à sa disposition. Il parvient dans la plupart des cas à conjuguer l’invention, la poésie et la virtuosité, avec un charme pastoral qui n’entrave jamais les authentiques instants dramatiques.
Ces dernières années, après des débuts discographiques principalement consacrés au baroque italien, Giovanni Antonini s’est illustré en explorant d’autres voies (notamment chez Mozart, ou Haydn dont il a entamé une prometteuse intégrale des symphonies). Mais il reste un flûtiste virtuose, qui aime assez son instrument tout autant que Vivaldi pour revenir dans cet enregistrement à des œuvres maintes fois jouées et, pour certaines, déjà enregistrées. La précision de son jeu est toujours aussi admirable, il est sans extravagances et flirte avec l’émotion sans jamais tomber dans le lyrisme vénitien. L’inventivité dans l’articulation et l’ornementation est toujours intacte, et cela se voit particulièrement dans le triptyque des concertos pour flautino (flûte à bec soprano) RV 441 à 443, heureusement répartis dans le disque.
Les musiciens jouent un par pupitre et les effets de transparence permettent au quatuor de cristalliser l’émotion. On pourrait s’attendre à plus d’épanchements dans les mouvements lents, mais l’ensemble préfère la suggestion, et il a sans doute raison. On le constate en particulier avec le concerto pour flûte à bec alto RV 442 « Tutti gl’istromenti sordini » : en 2007 (Das Alte Werk), les sourdines n’étaient pas mises et le Largo e cantabile central était beaucoup moins large et chantant qu’aujourd’hui. C’est cette austérité palpable qui contribue à rendre authentique le débit des mouvements rapides, souvent impressionnant mais jamais excessif (voir notamment à cet égard le premier mouvement du concerto RV 441 qui combine un accompagnement subtilement legato et des arpèges vertigineux chez le soliste). La « Tempesta di mare » est quant à elle toujours aussi décoiffante.
Le très attendu « Cum Dederit » du Nisi Dominus, transcrit par Antonini, nous élève dans un serein état d’écoute. Le phrasé est sobre, tandis que le timbre séraphique du chalumeau exhale une longue prière.
Il Giardino Armonico poursuit sa belle route de musique avec un enregistrement qui nous rappelle qu’il y a dans la musique de Vivaldi une flamme qui ne s’éteindra jamais.