Ann Murray - Brahms & Schumann: Lieder - Classica
4/4 stars
Programme archi-ambitieux: les Marie Stuart et les Wilhelm Meister de Schumann, avec pardessus des duos, et puis une bonne brassée de standards de Brahms. Qui craindrait qu'Ann Murray soit un peu courte pour de telles ambitions se trompe : la voix est ambrée, patinée et chaude. Le lamento des Marie Stuart se teinte d'une mélancolie subtile. Les Wilhelm Meister, faisant appel à plusieurs voix, offrent un relais bienvenu dans ce long programme. Certes, Benjamin Appl paraît encore un peu vert pour rendre toute la mesure d' « An die Türen will ich schleichen », mais il y a de la conviction. Les duos sont traités avec une grande rigueur, et une sorte de simplicité franche qui leur sied - très réussi en particulier « Ich bin dein Baum », d'une belle intensité.
Si les Brahms vont bien à la mezzo, c'est parce qu'ils relèvent de cette veine narrative où son énergie et la clarté de son allemand font merveille : très intéressant « Dein blaues Auge », mais « Wir waridelten wir zwei » et surtout « Wie Melodien » surprennent par une longueur de souffle, une manière de gérer les articulations du récit, qui fait aller tout cela comme de soi, avec un sens réel des dynamiques musicales et narratives. Martineau n'est pas pour rien dans la cohérence et la vitalité qui caractérisent ce disque : son piano anime le propos et le modèle avec un sens architectonique incontestable.